La forteresse du Nord.

Une dernière touche d'un bleu aussi sombre que le ciel l'est en cette nuit dénuée d'astre, et l'Elfe retire sa main de la toile. Satisfaite, elle enroule cette peinture si conforme à ses souvenirs dans un fin linceul, et quitte la pièce parsemée de parchemins.

Du regard, elle parcourt les terres entourant son refuge, soupirant légèrement.

Au loin, une jeune et robuste jument paît au sein des arbres. Ses sens lui indiquent qu'un souffle, qui lui est si particulier, approche. Sans plus attendre, elle rejoint sa partenaire, se découvrant de l'ombre du bosquet.

Ainsi, te voilà donc, Faerôss...

Arnengil saute sur le dos de l'équidée, sa toile précieusement attachée dans son dos. Sans plus attendre, elle se met en route vers le lieu-dit Tum Escal, à quelques heures de chevauchée.

L'aurore n'apporta pas que ses rayons, ce matin-là. Portée par l'écume, l'elfe au regard d'un torrent étoilé fit halte dans la Résidence des Megil Eglerhîn. La porte franchie, elle se mit en quête d'une âme qui soit éveillée en cette heure matinale.

Rheodran... ?

N'ayant pas aperçu d'autres signes de vie que les braises encore chatoyantes d'un feu, vestige d'une longue veillée, Arnengil déposa le tableau contre le mur, et lisit la légende qui ornait l'oeuvre.

Joyau tombé d'une civilisation disparue, en une heure sombre nous y entrèrent.
Fornost fût le lieu où ensemble, nous marchâmes, et souffrirent de maux dont le seul étau aurait gelé le coeur d'un innocent, candide de ces temps troublés.

Arnengil stoppa un instant de parler, et parcourut la toile d'un regard limpide. A la vue d'un Ragnakk assis, elle ne pût s'empêcher de songer à son peuple, et laissa éclater un rire cristallin.

Au début de la matinée, il ne restait guère de monde dans le Sanctuaire des Megil Eglerhîn. Rhéodran était lui dans une pièce, au sommet de la Tour, en plein méditation devant ce qu'il y avait de plus précieux à ses yeux.

Il crut entendre quelqu'un entrer dans la maison, et appeler son nom. Il ne répondit pas de suite, ne voulant interrompre sa réflexion, il ne descendit pas de suite. Il savait que ce n'était pas un ennemi, car le garde ne l'aurait jamais laissé passer.

Il entendit alors un rire, léger mais prenant. Sortit de sa rêverie, il sourit, et descendit calmement les escaliers. Arrivé dans la salle, il fut légèrement étonné de voir une Elfe, qu'il connaissait bien, sourire devant un tableau, posé contre le mur.

-Helleth ? Vous m'étonnez, je pensait que vous étiez partie vers l'Est. Ravi de vous revoir *balaye des yeux la salle, s'attardant avec gêne sur les reste de victuailles ici et là* Et, heu désolé de l'état de cette salle, nous n'avions pas vraiment prévu de recevoir plus de monde plus tard... Mais que me vaut ce plaisir ?

Avant même que l'homme n'élève la voix, Arnengîl l'entendit approcher, et cessa de rire, son visage gardant cet air amusé.

Cette demeure est donc éveillée... Je pars effectivement vers l'Est, mais avant toute chose, il me fallait aller chercher quelques... affaires en Ornen, à l'Ouest d'ici.

L'efle tourne son regard vers le tableau.

Ce tableau ayant reçu sa dernière touche... Il accompli désormais sa destinée : vous être remis. Ce présent relate ce qui suivit notre première rencontre, avant même que je ne porte l'insigne du Dragon Eteint... Notre avancée en Fornost.

Aucun détail ne fût omis, tout y est, conforme à mes souvenirs... Y compris votre compagnon, Ragnakk.

Arnengîl repose à nouveau son regard sur Rheodran, consciente de l'embarras de ce dernier quant à l'état de leur salle de réunion.

Vous voici désormais suffisamment reposé pour mettre de l'odre en ce lieu... Du moins, pour le malheur des mouches qui ne tarderont pas à vous rendre visite, si cela reste ainsi.

Rhéodran jette un œil furtif à la peinture

Ah oui je me souvient de ce jour... Une heureuse rencontre,bien dommage que nous n'ayons pas réussi à chasser le mal de ces ruines. Mais ce tableau est autant à vous qu'à nous, je m'en voudrait qu'il ne soit pas dans un endroit plus, neutre disons.

Il sourit à la remarque de l'Elfe sur l'état des lieux

Oui, en effet, il est temps de faire la guerre à la saleté, dommage que ce ne soient pas des Orques qu'il faille combattre, je suis sûr que je m'en sortirait mieux.

Hum, j'imagine que vous nous quittez pour de bon cette fois. Enfin, je sait que je me répète, mais si vous avez besoin de quoi que ce soit... Il doit bien rester de la nourriture ici... Il y avait bien deux Hobbits, mais Orolhion leur a fait tellement peur avec ses histoires de monstres mangeurs de Petites Gens qu'ils en ont eu un appétit normal.