« -Alors Longs-Poils, fit la voix hideuse, ton séjour dans les demeures souterraines de tes ancêtres te fait-il plaisir ? Non ? Tu devrais en être ravi pourtant, sais tu combien des tiens donneraient leur jambe pour être à ta place ?
Des rires rauques.
-Hé Sogrut, peut être qu’il donnerait bien sa jambe lui hein, qui sais ?
D’autres rires.
-Tu as raison, nous devrions vérifier.
Les rires s’éteignirent soudain.
-Tu… Tu es sûr ? Tu sais, je disais ça pour rire.
-Qu’est-ce qui vous prend les gars ? Pour une fois qu’on a l’occasion de s’amuser un peu vous faites les poules mouillées.
-Hé bien, tu te souviens ce qu’il s’est passé la dernière fois qu’on a tué un de ces court-sur-pattes non ?
-C’était l’un de leurs rois, je vous rappelle. Et je ne compte pas leur renvoyer sa tête. On la jettera avec les autres, et personne ne sera au courant, et nous, on aura passé un bon moment. Si il manquait à quelqu’un, on serait venu le réclamer tu ne crois pas ? Les gars dehors ont rien vu depuis qu’il est là.
-Ouais t’as pas tord. Je t’accompagne, ça fait un moment que j’ai hâte d’entendre un de ces nabots me supplier. »
La porte de bois s’abattit brusquement sur le sol, et la lumière rouge sang inondât la pièce – avant de se faire masquer par les deux imposantes silhouettes qui entraient.
Drwalor se relevât. Malgré son extrême épuisement, il pouvait distinguer les traits cruels des deux Orques devant lui. Sa rage et sa fierté jaillirent soudain, et il ramassât une pierre, étonnamment chaude, sur le sol, puis il se jetât sur le premier monstre.
Celui-ci n’eût aucun mal à lui arracher son arme de fortune, et à le projeter à terre.
Le Nain ne s’avouât pas vaincu, et prit une autre pierre, un peu plus chaude que la précédente, qui lançât sur l’Orque. Elle ne lui fit pas le moindre mal, et celui-ci se mit à rire.
Drwalor ramassât alors une troisième pierre, puis une quatrième, puis une cinquième, les envoyant à chaque fois sur les Orques, qui se rapprochaient lentement en ricanant. Et à chaque fois, la pierre était plus chaude que la précédente.
Il prit une sixième pierre, qui lui brûlât presque la main, et l’envoyât que l’Orque. Cette fois, même si elle n’avait pas été envoyée avec une grande force, l’Orque poussât un cri de douleur, car elle s’était logée entre son armure et sa peau, et elle le brûlait. Il se jetât su Drwalor. Puis il s’arrêtât, pris d’un fou rire.
Drwalor avait ramassé une septième pierre, mais celle-ci lui avait brûlé la main au point qu’il se tordait de douleur. Les Orques s’était arrêtés, et profitaient du spectacle de la souffrance du Nain.
Drwalor se tenait la main, hurlant, le visage crispé. Il aurait voulut lâcher la pierre, mais elle ne voulait pas tomber. Puis la douleur devint supportable, sans pour autant disparaître.
Il ouvrit alors les yeux, et une seconde douleur le prit. Une immense vague de chaleur vint sur lui. Il voyait tout en nuances de rouge et de noir, et toute sa vision était déformée par la chaleur, comme si tout autour de lui était en train de brûler.
Alors étonnamment, sa volonté lui fit défaut. Elle ne s’amenuisât pas, bien au contraire, mais il ne la contrôlait plus. Son vouloir, ses désirs, ils échappaient à sa pensée, et son esprit ne pouvait qu’y assister, impuissant.
Il se sentit plus qu’il ne se vit se relever, et faire face aux Orques. Son regard devait être proprement effrayant, car les monstres ne riaient plus, et ils semblaient hésiter sur la conduite à adopter.
Drwalor vit sa main qui tenait la pierre se lever, et comme on demande à son pied d’avancer, il sentit sa volonté demander quelque chose, quelque chose dont il ignorait l’existence, un muscle qu’il n’avait pas jusque là.
Drwalor se relevât, même si il ne se souvenait pas être tombé. Il se demandât si tout ce qu’il avait vu n’était pas qu’un rêve. Puis il regardât autour de lui. Le petit camp Orque était dévasté. Les rares planches de bois qui n’étaient pas en cendres se consumaient. Tout les monstres qui le peuplaient étaient éparpillés autour de lui, calcinés, réduits en morceaux.
Alors qu’il regardait sans comprendre, il entendit d’autres voix, venant d’un tunnel derrière lui. Il se retournât, à temps pour voir trois Orques se précipiter vers le lieu de l’explosion, qui avait résonné dans les grottes. Les Orques s’arrêtèrent devant le carnage, ne remarquant pas de suite le Nain. Ce dernier se rendit alors compte qu’il n’avait plus la pierre dans sa main. Baissant le regard, il la vit, incandescente, sur le sol. Sachant instinctivement que c’était elle qui l’avait aidé, il la ramassât. La douleur lui vint instantanément.
Il poussât un cri unique, mais les Orques se tournèrent vers lui. Sa vision redevint rouge feu. Mais cette fois, qu’il était prévenu, il ne laissât pas sa volonté s’échapper. Comme luttant dans un rêve, il levât son bras, puis il le tournât vers le premier monstre. Et il voulut le feu.
Une explosion retentit. La déflagration se déclenchât devant la poitrine de l’Orque, qui fut projeté en arrière, et ne se relevât plus.
Drwalor posât alors ses mains au sol, et une onde de flammes parcourut la pierre sous lui. Atteignant les deux Orques restant, le feu leur montât dessus, les consumant dans leurs cris.
Le Nain s’élançât alors, ignorant sa douleur, à travers les couloirs sans fin de la Moria. Il savait instinctivement où aller pour sortir au plus vite. Des fois, il entendait des cris, sans savoir si ses poursuivants se trouvaient juste derrière lui, où à des kilomètres. Au bout de quelques heures, il atteignit un cul-de-sac. Il appuyât alors ses mains sur la paroi. Cette dernière volât en éclats, laissant entrer la lumière du Soleil. La pierre incandescente tombât au sol, et Drwalor s’écroulât, épuisé. Il venait de sortir de la Moria presque indemne, et il avait avec lui un artefact d’une puissance et d’une histoire dont il n’avait aucune idée.